Quand on est femme de marin, on s'expose toujours à des réflexions plus ou moins idiotes de la part des gens qu'on rencontre. En général, le plus souvent, on a le droit à "femme de marin, femme de chagrin", et le fameux "une femme dans chaque port" accompagné parfois d'un petit sourire en coin et un clin d'oeil lubrique disant clairement "si tu veux, je suis là moi". Parfois les gens sont plus inventifs.
Je suis restée tellement bouche bée devant la qualité (et la quantité) des inepties déballée par un type avec qui je discutais il y a quelques temps, que je ne résiste pas à vous en faire part. (En vrai, j'ai juste réussi à glousser comme une dinde)..
Un charmant individu s'est donc mis en devoir, ce soir là, de me poser la question que selon lui tout le monde se pose sans jamais oser demander, "Et niveau sexe, ça se passe comment ?". Prise par l'ambiance de la soirée, rassurée par le fait qu'il s'agissait de l'ami d'une amie, et probablement rendue débile par la bière que j'étais en train de boire, j'ai commencé par tenter de lui répondre.
J'ai eu à peine le temps de lui répondre "Oh écoute ça va, je gère, c'est pas comme s'il partait si longtemps que ça" qu'il me coupait pour me dire "Ah non mais je parlais pour lui hein, tu sais, nous les hommes on a des besoins !"
Nous femmes, reléguées au rang de pauvres créatures à utérus, n'avons donc aucun besoins.
Et bien n'en déplaise à ce type là, et à tous les hommes des cavernes de son acabit mais j'assume ma sexualité et j'assume aussi avoir des besoins. Ce n'est pas parce que je n'ai pas de pénis (bouh, elle a dit pénis !) et pas de machine à fabriquer de la testostérone en quantité industrielles, que je n'ai pas besoin moi aussi, parfois, de "tirer un coup, même juste pour l'hygiène" (quelqu'un m'explique pourquoi je l'ai laissé continuer à me parler, celui ci ?)
Une fille aussi a des besoins, qu'on se le dise ! Il est révolu le temps où la femme n'était pas autorisée à apprécier ces moments là (rien n'était d'ailleurs fait pour qu'elle puissent) et où elle ne servait qu'à satisfaire les besoins de monsieur.
Alors pour moi, femme, fille, nana, utérus sur pattes, oui pour moi aussi, les 7 ou 8 semaines de l'embarquement du marin son parfois dures à supporter de ce côté là. Parfois moi aussi j'aimerais pouvoir lui sauter dessus.
Je dois même bien avouer qu'arrivée à la fin de l'embarquement, il arrive que je zappe des scènes même juste un peu suggestives dans les films que je regarde, pour éviter la torture inutile.
Maintenant je considère quand même quun mois et demi est quand même vite passé, et je n'ai ni envie ni besoin d'aller voir ailleurs pendant ce temps là ! (parce que c'est probablement ce qui m'aurait été proposé si je n'avais pas fini par retrouver ma lucidité et prendre congé du crétin). Et contrairement à lui, je ne considère pas que ce ne serait pas un drame si le marin profitait d'une escale pour aller voir les petites femmes, parce que "tu comprends, un homme ça ne peut pas vivre sans faire l'amour"
Au fond je trouve ça tellement bon pour un couple de pouvoir se manquer, sur ce plan là également ! On se rend compte dans ces moments là qu'on a vraiment et sincèrement envie de l'autre, et la routine qui peut s'installer parfois est assez vite balayée ! Et puis le manque de l'autre nous rapproche, on vit la même chose finalement !
A l'inverse, il existe aussi les hommes persuadés qu'une femme de marin est une pauvre fille abandonnée et que leur mission, à eux, chevaliers des temps modernes est de les aider avec leur épée magique. Ceux là peuvent passer de longues minutes à essayer de te faire avouer que oui, tu es prête à faire l'amour, là tout de suite sur le trottoir, avec le premier type qui te paierait un diabolo menthe, tellement tu es en manque. Et qu'ils sont évidemment dispos pour te soulager au besoin. Mais juste amicalement comme ça, pour le plaisir de donner un coup de main. Ou d'autre chose d'ailleurs.
Les deux spécimens sont aussi lourds l'un que l'autre, et je n'ai toujours pas réussi à décider lequel est le moins pire entre celui à qui j'ai envie de coller des baffes et celui investi d'une mission presque divine dont je n'arrive pas à me dépatouiller..
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