Quand l'autre ne va pas bien..

Il est quasiment 3h du matin, et je squatte mon canapé, incapable de dormir, et ne voulant pas troubler le sommeil du marin en restant éveillée dans le lit. 

Heureusement qu'il me restait des épisodes de Drop Dead Diva à regarder.

J'ai partagé beaucoup de choses, très personnelles, sur ce blog, et je sais, par le nombre de mails que je reçois, que j'ai aidé quelques personnes à mettre des mots sur ce qu'elles ressentaient vis à vis de cette vie très particulière que nous somme plusieurs à vivre.. Et parfois, c'est moi que j'ai aidé, c'est rédempteur de pouvoir écrire.. 

J'ai toujours essayé de garder le marin hors de ce blog, ce qui n'est pas des plus simples, sachant qu'il en est quand même une part importante, mais connaissant sa repulsion à être "public", je lui dois bien ça. J'ai certes parlé de sujets le concernant, sa meilleure amie, ses ex, mais jamais je ne me suis autorisée à creuser plus en avant..

Mais ce soir, il est partie intégrante de mon billet, et je ne pourrai pas exprimer ce que j'ai à exprimer, si je n'outrepasse pas la règle que je me suis fixée.. 

Ce soir, je ne dors pas, et c'est le troisième épisode de Drop Dead Diva que je regarde à la suite, parce que je m'inquiète beaucoup. Je m'inquiète beaucoup pour le marin, et pour moi, et beaucoup pour nous deux.. 

Celles et ceux qui suivent le blog et on lu cet article, sauront que le marin est coincé à terre, qu'il aurait du partir mercredi dernier, et qu'il n'a aucune nouvelle de son entreprise, il lui manque un papier pour compléter sa demande de visa pour pouvoir aller travailler, et le pays en question ne délivre ces documents qu'au compte goutte.. 

Cette histoire affecte beaucoup le marin, et de plus en plus je dois bien l'avouer.. 

On dit que les bretons sont de grands "taiseux", et si mon exemplaire est représentatif de la population bretonne, alors je crois être en mesure d'affirmer que c'est la vérité.. Le marin est quelqu'un qui se ferme complètement lorsqu'il est contrarié..  

Je vois bien qu'il ne va pas bien, je le sens, il n'est plus le même depuis quelques jours, il ne parle plus, il est moins calin, moins démonstratif, il est beaucoup plus taciturne et triste.. Je voudrais qu'il me parle, qu'il m'explique ce qu'il ne va pas, qu'on en discute, qu'il puisse peut être lâcher un peu de pression, mais non il ne me parle pas..Si je lui demande ce qu'il ne va pas, il me répond que tout va bien, alors qu'il apparaît clairement que non, tout ne va pas bien..

Il s'est passé beaucoup de choses ces derniers jours, dont je vous parlerai probablement plus tard, nous avons donné un accord pour acheter une maison à retaper complètement, et c'est plus un coup de tête, une décision réfléchie mais plus par manque d'alternative que de réels moyens, et je comprends que ça le tracasse aussi.. Je dois dire que ça me travaille également.

Toutes ces choses là font que je comprends qu'il puisse se sentir mal, stressé, etc, ce n'est quand même pas rien, de savoir qu'il peut être appelé pour partir à 6000km du jour au lendemain.. Le marin est de toute manière quelqu'un de très angoissé de nature, mais je ne l'ai quand même jamais vu comme ça..

Mais voir la personne qu'on aime le plus au monde être mal, c'est probablement une des choses qui fait le plus mal au monde. Lui qui s'enorgueillit de ne jamais pleurer, je suis certaine de l'avoir vu verser une larme ce soir. C'est difficile de le voir dans cet état, surement parce que ça me rappelle beaucoup l'état dans lequel j'étais pendant ma dépression.
J'ai l'impression que l'état dans lequel il est dépasse le seul état de stress et de tension dans lequel la situation peut le mettre.

Ce n'est pas l'homme que je connais, et j'ai du mal à gérer le fait d'être impuissante face à sa détresse.. J'essaie par tous les moyens de lui changer les idées, puisque je ne peux pas compter sur le fait de lui parler, et j'y arrive pendant quelques minutes, et il se renferme dans son marasme..
Ca me rend malade de le voir comme ça.. je donnerais tout pour lui rendre son sourire, et j'avoue que je suis prête à toutes les pitreries, les imbécillités pour essayer de le faire rire.. 

Alors forcément tout ça fait réfléchir, et j'en viens à me dire que je dois quelque part être responsable de son état, puisqu'il ne me parle plus ou très peu, qu'il n'est plus le même quand je suis là, qu'il ne me câline plus comme il le faisait avant.. Il est beaucoup plus abrupte avec moi, plus sec et désagréable, ce qui cause des disputes qui n'arrangent rien.. J'en viens à me demander s'il m'aime toujours autant, si je ne suis pas trop ceci ou pas assez cela et ce que je peux faire pour arranger les choses.. 

C'est comme ça qu'on se retrouve à trois heures et demie du matin, à taper sur son clavier, et à se torturer l'esprit avec une foule de questions auxquelles je n'aurai jamais la réponse..

Et vous, vous vous sentez comment quand votre moitié ne va pas bien ? Qu'est ce que vous faites pour l'aider ?