J'ai prononcé la phrase que je ne pensais jamais prononcer..

Et oui mesdames, j'ai osé !

Depuis que je suis avec le marin, je me dis et répète à qui veut bien l'entendre, que bien que je m’accommode de ma vie de femme de marin, j'aurais largement préféré qu'il soit banquier ou vendeur de surgelés. Que je donnerais beaucoup pour le voir tous les jours, pouvoir profiter de lui sans penser qu'il va partir..

Non pas que je sois vraiment malheureuse de notre situation, je ne le suis plus, du moins, mais je pense que toutes les femmes de marin ont un jour espéré et rêvé que leur marin ne parte plus. 

J'ai toujours pensé avec bonheur au jour béni où il allait arrêter de naviguer, pour faire sa dernière année à l'école, ou bien après pour sa retraite, et où j'allais pouvoir l'avoir à moi toute seule sans qu'il ne reparte.. 

Où j'allais enfin pouvoir prévoir des vacances plus que 15 jours à l'avance, pouvoir faire des choses qu'on ne peut pas entamer parce qu'il doit repartir...   

Mais aujourd'hui, j'ai prononcé la phrase que je ne pensais pas prononcer un jour..

Aujourd'hui j'ai dit "Vivement qu'il s'en aille" 

Vivement qu'il s'en aille, parce que voilà une semaine aujourd'hui qu'il aurait du être parti, et que pour une histoire de papier qu'il manque dans son visa, il ne peut pas partir.. 

Il n'a d'ailleurs aucune nouvelle de son entreprise, qui ne manquera pas de le contacter à la dernière minute comme d'habitude, mais qui en attendant le laisse complètement dans le flou quand à la date de résolution du problème. 

Le résultat c'est que le marin (et on le comprend) est tendu comme un arc (vous attendiez un string, je sais.. mais non !), qu'il est absolument impossible que je réussisse à le détendre, à le faire sourire et encore moins à le faire rire, qu'il ne desserre pas les dents.. Et j'en suis malheureuse pour lui et triste d'être impuissante face à ça.. 

Du coup, l'ambiance à la maison est assez détestable, et les prises de bec sont assez récurrentes.. 

Donc je me dis qu'il vaut mieux qu'il s'en aille, pour que la situation se résolve.. Ou qu'au moins il ait une date pour qu'il puisse enfin se détendre..

Aujourd'hui j'ai dit "Vivement qu'il s'en aille", et je vous l'avoue, je n'en suis pas fière.. J'ai l'impression d'être méchante et de ne pas l'aimer suffisamment quand je dis que j'aimerais qu'il parte.. Ne suis-je pas censée avoir envie de l'avoir avec moi 24h/24..  Quoi penser d'une fille qui a envie que son homme reparte 7 semaines ? 

A vrai dire je ne veux pas qu'il parte 7 semaines, je voudrais qu'il parte deux ou trois jours.. Mes amies, qui sont toujours de bon conseils, m'ont dit qu'elles n'étaient pas choquées par mes propos et que c'était preuve que j'avais trouvé mon équilibre dans cette relation, que de vouloir retrouver ma tranquillité et de chérir les moments où je suis seule.. Elles ont peut être raison.. 

Mais en attendant je culpabilise.. 

Ça vous arrive aussi, à vous, femmes de marin, d'avoir envie de le voir repartir ?