mardi 13 août 2013

La femme de marin, et la question qui tue

(Non le marin ne m'a pas demandée en mariage, si c'est à cela que vous pensiez.. Un jour j'espère !)


Un jour, quelqu'un m'a posé une très bonne question. 
Le genre de questions tellement bonnes, et qui tombent tellement juste, qu'on évite d'y répondre, qu'on la range dans un coin, et qu'on s'empresse d'oublier. 

Certaines personnes ont une fâcheuse tendance à tomber toujours juste lorsqu'elles posent des questions. A tomber toujours sur LA question qui tue, à laquelle on a pas du tout envie de penser, celle qui nous dérange et qu'on aimerait oublier dès qu'elle a franchi le seuil de nos oreilles.

A moins qu'il n'y ait que moi qui fasse parfois la politique de l'autruche, beaucoup d'entre nous ont tendance à refouler certaines questions, à les enfouir bien profondément dans leur poche, à mettre leur mouchoir par dessus, dans l'espoir illusoir qu'elle disparaitra d
'elle même.

Mais ce n'est pas tant la question qui pose problème, que la réponse. Et on ne peut pas empêcher son cerveau d'y revenir, et de tout analyser.. Une fois que la machine à reflechir a été mise en marche, personnellement, je peux tout essayer, jamais elle ne s'arrêtera. 
Un jour, une personne bien intentionnée, qui m'a posé cette question sans aucun intérêt pervers quel qu'il soit, il faut bien le dire, m'a posé cette question. Question qui tourne en boucle au fond de ma petite tête depuis.. 

"Mais pénélope, t'es bien sure que c'est le genre de vie que tu veux vivre toute ta vie ?" 

Mon premier reflexe a été de répondre que oui, qu'on s'habitue à tout, même aux mauvaises choses, et que oui, bien sur je m'imaginais vivre cette vie là jusqu'au bout, aucun problème, finger in the noze. Et hop affaire classée, je pensais avoir enterré la question (et la copine) aussi vite qu'elle était arrivée. 

C'était sans compter la perversité de l'esprit humain. Esprit humain qui me fait tourner et retourner la question dans tous les sens depuis qu'elle m'a été posée. Parce qu'au fond c'est une excellente question, qui mérite un peu plus de reflexions. Est ce que oui ou non je me vois vivre comme ça jusqu'à la fin de mes jours ?

Honnêtement je ne sais pas. J'aimerais n'avoir aucun doute, et vous dire que oui je me vois vivre comme ça toute ma vie, mais sincèrement je ne sais pas. J'espère que je vais en être capable, jour après jour, parce que l'amour que j'ai pour le marin, et notre petite vie à deux me ravit, je n'ai pas envie de changer ça, parce que finalement la marine c'est juste une composante de notre vie, celle qui prend le plus de place probablement, mais elle n'a pas a être prépondérante sur notre amour et nos projets..


Et en même temps, chaque fois qu'il part c'est une telle déchirure, que chaque fois je me dis que je ne pourrais pas revivre ça encore une fois, et finalement si. C'est un peu comme un cauchemar qui recommencerait, encore et encore, et imaginer vivre ça jusqu'à la fin de mes jours, c'est imaginer que ce cauchemar ne finira jamais..  C'est, en plus d'être déprimant, particulièrement angoissant..

Peut être que lorsque nous auront des enfants, les choses seront plus faciles, parce qu'ils imposent d'aller de l'avant quoi qu'il arrive, et que les choses seront peut être moins difficiles.. Et peut être que ça rendra les choses encore plus compliqué, d'avoir à gérer leur peine en plus de la mienne. L'absence du papa est quelque chose que je redoute, et qui a rendu mon marin malheureux quand c'était son papa à lui qui partait.. Et j'ai aussi peur de ne pas savoir gérer ces angoisses là..

J'avoue que j'aimerais un jour que ça s'arrête. Revenir à la vie normale d'un couple "normal", mais je ne sais pas si cette envie sera un jour suffisamment puissante pour avoir un jour besoin de chercher ça avec quelqu'un d'autre. 


Je ne serais pas la première femme de marin à ne pas supporter cette vie là, mais je n'ai pas envie de tout gâcher et foutre en l'air tout ce que l'on construit là, pas à pas, petit à petit.. Je l'aime, lui, avec sa marine et avec ses absences.. Et je vous avoue que penser qu'un jour peut être je pourrais avoir envie de vivre autre chose avec quelqu'un d'autre me fait peur... Parce que je n'ai pas du tout envie d'en arriver là.. 

La seule réponse que je vois à cette question, la seule réponse qui soit véritablement honnête, c'est

"J'espère"

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